Gyromitre comestible : un champignon toxique et mortel malgré son nom trompeur

CHAMPIGNONS VÉNÉNEUX EN BELGIQUE - Le Gyromitre dit "comestible"

Gyromitra esculenta (Pers. : Fr.) Fr.

Noms français : Gyromitre comestible, Gyromitre moricaude
Noms néerlandais : Voorjaarskluifzwam, Grote kluifzwam
Noms allemands : Frühjahrslorchel, Giftlorchel

Parmi notre sélection, ce champignon est l'unique représentant des Ascomycètes, les 15 autres appartenant aux Basidiomycètes. Contrairement aux Basidiomycètes, dont les spores se développent sur des stérigmates (petits pédicelles) à l'extrémité d'une baside en forme de massue, les Ascomycètes produisent leurs spores, généralement par groupes de huit, à l'intérieur d'une cellule allongée appelée asque.

Habitat et période de croissance

Bien que rare en Europe occidentale, cette espèce peut parfois proliférer abondamment dans certaines zones. On la trouve principalement dans les régions montagneuses, où elle apparaît au printemps, souvent peu après les Morilles, typiquement sous les pins.

Risques de confusion

Le Gyromitra esculenta est réputé pour ses qualités gustatives, comparables à celles des Morilles [Morchella esculenta (L.: Fr.) Pers. et espèces apparentées], qui sont également des Ascomycètes printaniers. Malgré sa commercialisation sur certains marchés et sa mise en conserve, ce champignon présente des risques considérables.

Toxicité et dangers

Ce champignon contient une toxine responsable du syndrome gyromitrien (ou helvellien). Bien que cette substance soit largement détruite par une cuisson prolongée ou le séchage, plusieurs facteurs rendent sa consommation hasardeuse :

• Des intoxications ont été rapportées même après préparation appropriée
• Certaines personnes ont subi des empoisonnements graves après plusieurs consommations sans incident
• Il existe des sensibilités individuelles importantes
• La concentration en toxines varie selon les populations de Gyromitres

Le syndrome gyromitrien se manifeste tardivement (10 à 24 heures après ingestion) par des troubles gastro-intestinaux, suivis d'atteintes hépatiques, rénales et nerveuses graves. La présence de fièvre, inhabituelle dans les intoxications fongiques, est caractéristique. Le taux de mortalité est significatif, ce qui remet en question l'appellation "comestible" de ce champignon, par ailleurs suspecté d'être cancérigène.

À noter que la Sarcosphère en couronne (Sarcosphaera coronaria), un autre Ascomycète printanier, est également suspectée de présenter des risques similaires.